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mœurs des scythes

leurs chars, tandis que les hommes chevauchaient à côté, vêtus de toisons, quelquefois même de peaux d’ennemis vaincus, et portant sur leur carquois des mains coupées sur le cadavre. Habitues à changer fréquemment de territoire, sans souci des premiers occupants, les Scythes étaient de redoutables hommes de guerre, habiles à éviter les batailles rangées par de rapides attaques suivies de fuites soudaines, mais se ramassant en armées solides quand il s’agissait de défendre les buttes de terre sous lesquelles dormaient les aïeux.

fragment de la tapisserie de bayeux.
(Onzième siècle.)

Chez ces peuples, on méprisait la mort. Jusqu’au milieu du dixième siècle, le sacrifice volontaire des veuves sur le bûcher du mari était de pratique générale chez les Slaves de la Pologne actuelle[1]. Au temps d’Hérodote, les Massagètes qui se sentaient vieillir étaient immolés par leurs parents, et leur chair, mêlée à celle de divers animaux, servait au repas funéraire par lequel on honorait leur mémoire ; mais celui qui avait le malheur de mourir de maladie n’était point glorifié par un festin, car sa mort était considérée comme une sorte de honte. Les trouvailles faites dans maintes tombelles ou kourgani de la Russie méridionale complètent les récits d’Hérodote[2].

Aux funérailles des grands personnages, une épouse, des serviteurs, des chevaux suivaient le chef dans la mort, et l’on retrouve en effet dans les tombes royales de nombreux ossements, ceux des victimes

  1. H. M. Chadwick, The Cult of Othin, p. 42.
  2. Histoires, livre I, § 215, 216.