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l’homme et la terre. — orient chinois

voyait s’élancer sur sa monture en sortant de sa tente : il faut qu’il regarde toujours de haut la tourbe de ceux qui vont à pied ; il faut qu’il puisse à son gré disparaître à l’horizon, revenir à l’improviste, franchir l’espace à grande allure. Le cheval, qui triple la vitesse de l’homme, contribue avec la nature même du sol à empêcher la division de la terre en parcelles : l’immense étendue des steppes reste indivise.

D’après une photographie de M. A. Ular.

temple couvert en étoffe, à tchoc-tchin-dugan, province de kokonur, frontière du tibet

Jamais la propriété, sous sa forme occidentale, n’exista dans ces régions, si vastes en comparaison du nombre relativement minime des populations. L’appropriation, d’ailleurs purement conventionnelle et non indiquée par des bornes ou autres signes artificiels, ne s’exerce que pour des tribus différentes : en temps de paix, il est de coutume que tels ou tels pâturages appartiennent à telle ou telle « bannière », et il serait injuste d’empiéter sur ces terres. Pour une seule et même peuplade, les steppes d’hiver et d’été restent communes à tous. Il est vrai que, si la richesse ne s’évalue pas en Mongolie par le nombre d’hectares, elle se dénombre par les têtes de bétail