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mœurs des pasteurs mongols

Mongol par les conditions du milieu : des lainages, des feutres ont été de tout temps utilisés en ces contrées, soit pour les habits, soit pour les tentes, et ces étoffes sont toujours excellemment tissées, car si
D’après une photographie de M. A. Ular.
femme bouriate en habits de fête
elles n’étaient pas d’une grande force de résistance, elles seraient bientôt réduites en lanières, effilochées par le terrible vent du plateau. En toutes choses, le genre de vie des Mongols est ainsi réglé par le milieu. Nourris par leurs troupeaux et cheminant avec eux, ils sont forcément nomades. Quand une partie de la steppe, composée de « prairies vertes » ou de « prairies grises », a été complètement tondue et ne fournit plus d’herbes à ses habitants, il faut bien changer de pâturages, se diriger vers d’autres contrées, souvent situées au loin. De l’été à l’hiver et de l’hiver à l’été, un mouvement de transhumance s’accomplit comme pour le bétail des Alpes et les merinos de l’Espagne. Les intérêts du troupeau règlent tous les mouvements de la tribu de même que sa mentalité ou sa morale. Les bêtes, chameaux, chevaux ou moutons à longue queue, sont presque l’unique objet de conversation : en s’abordant ou s’interrogeant mutuellement sur leur santé.

Le cheval surtout est la joie, l’orgueil des Mongols qui, parmi les hommes, furent les premiers à utiliser le noble animal, originaire de ces contrées. Tout jeune homme apprend à dompter les étalons, à connaître l’hygiène du cheval, à établir les généalogies des bêtes fameuses. Le Mongol assez fortuné pour posséder un ou plusieurs chevaux se croirait déshonoré si on ne le