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les scandinaves et la mer

patrie commune toute la région septentrionale de l’Europe que les eaux marines divisent en îles, baignent en péninsules, pénètrent en golfes et en détroits. Bien que rattaché au continent, le Danemark appartenait pour eux au même ensemble de contrées que les autres terres marines du Nord, et c’est très justement, au double point de vue de la géographie et de l’ethnologie, que le terme de Scandinavie embrasse à la fois la grande péninsule du nord et la moindre péninsule du midi. Une légende des Edda nous dit comment un roi de Suède, Gylfi, récompensa la déesse Gafion de ce qu’elle l’avait ému par un beau chant en lui faisant cadeau de l’île de Seeland, qu’un attelage de quatre bœufs avait séparée de la terre voisine par un profond coup de charrue[1].

vallée norvégienne à l’extrémité d’un fjord.

D’ailleurs, les Danois, libres du côté de la mer, avaient pris soin de se murer du côté de la terre. Un étranglement très favorable de la péninsule permettait ces travaux de défense. Du côté de l’est, sur le versant de la Baltique, une série de détroits et de petits lacs constituant un véritable fjord, la Schlei, se projette jusqu’à une quarantaine

  1. Edda, Der Gesang bei der Mûhle, Edition de Hans von Wolzogen, p. 405.