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domination de la mer

nale de la Méditerranée 130 positions de lieux qui ne se trouvaient pas sur les tables de Ptolémée. En outre, les erreurs du géographe grec sont notablement rectifiées ; tandis que la longueur du bassin principal de la Méditerranée, de Tanger à la Tripoli de Syrie, était de
Bibl. Nationale.Cl. Girandon.
poignée d’épée mauresque
(xve siècle),
dite épée de boabdil.
62 degrés sur les tables de Ptolémée, la différence de longitude de ces deux points est réduite à 42°30, n’excédant que de 52 minutes les mesures exactes dues aux astronomes modernes. Mais comment les Arabes ont-ils pu arriver à une si étonnante approximation ? Le manque de documents ne permet pas de répondre avec certitude. Du moins, ce résultat témoigne-t-il d’études et d’observations continuées pendant longtemps par les navigateurs arabes. Mais c’est en vain, pour leurs voisins ignares, qu’ils faisaient ces progrès dans la connaissance de la Terre. Les erreurs de Ptolémée n’en furent pas moins enseignées dans les écoles chrétiennes jusqu’à la Renaissance[1].

À l’époque où le khalife Harun-al-Rachid et l’empereur Charlemagne représentaient aux yeux des peuples assujettis les deux mondes opposés de l’Islam et du Christianisme, l’équilibre se maintenait à peu près entre les forces en lutte : les chrétiens n’étaient pas assez unis ni assez puissants pour repousser les envahisseurs arabes hors de l’Espagne et des îles de la Méditerranée, tandis que de leur côté les Musulmans, quoiqu’ayant conservé presque partout l’attitude offensive, n’étaient cependant pas suffisamment armés pour s’emparer de l’une ou des deux cités symboliques de la domination chrétienne, Rome et

  1. Cosimo Bertacchi, L’Italia e il suo Mare, Bollettino della Societa Geographica Italiana, Agosto 1900, pp. 708 et suiv.