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l’homme et la terre. — arabes et berbères

l’irrigation, de l’autre, le règne des inquisiteurs forment un contraste frappant entre les deux époques. D’après les descriptions des auteurs que cite Draper[1], l’Andalousie était au dixième siècle, sous le khalife Halem, le pays le mieux outillé et le plus à son aise de la terre entière. La tolérance religieuse était complète, et savants juifs, chrétiens et même athées se réunissaient sans crainte avec les musulmans pour chercher en commun la vérité. Le génie anarchique de l’Arabe se manifestait dans la libre expression de la pensée ; nulle trace de cet espionnage des idées, de cette surveillance des écrits qui faisaient de Constantinople une véritable prison.

Bibl. nationale, Cabinet des estampes.

vue du col de pertuis et du chateau de bellegarde,
où se trouve le passage principal du roussillon en espagne.

À cette époque d’épanouissement de la science, sous l’influence de la liberté relative qu’apportaient les Arabes, la péninsule d’Arabie elle-même ne prit qu’une très faible part à l’autorité intellectuelle des peuples associés à l’Islam : les tribus, privées de leurs plus vaillants hommes pendant plusieurs générations, se désintéressaient de leur

  1. Histoire des Conflits entre la Science et la Religion.