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accommodation et tassement des populations

des premiers royaumes angles et saxons de l’Angleterre, le nom de « Breton » (Weal) est employé pour désigner l’asservi[1].

Privée de ses communications avec la Gaule, et ne recevant d’autres immigrants que des conquérants et des pillards, l’Angleterre déchut très rapidement en civilisation et perdit même tout un outillage de culture qui lui était devenu inutile. La vie rurale des envahisseurs germaniques n’avait que faire des villes. La plupart
armes franques trouvées à londinières
vallée de l’eaulne.

(Abbé Cochet, Normandie Souterraine.)
furent abandonnées et plusieurs, rendues à la forêt primitive, disparurent sous la végétation ; d’autres, solidement construites, gardèrent au moins leur enceinte : on cite Chester qui resta quatre siècles sans habitants, mais dont les murs ne furent point démolis. Lors de la renaissance de culture, quand la nation commença de se reconstituer avec son appareil de civilisation restaurée, les villes apparurent éparses à la surface du pays, nées du développement de la vie agricole. Mais alors on constata qu’il existait deux réseaux de villes. Celles que les Romains avaient construites comme centres administratifs et militaires, et qui se succédaient le long des anciennes routes pavées, s’étaient redressées de leur sommeil, même en gardant leur nom, défiguré seulement par la difficulté de prononciation en des langues étrangères[2].

Ces antiques stations renaissaient à la vie, tandis que de distance en distance, surtout au passage des gués ou au commencement de la navigation (Hull, Newcastle, etc.), de nouveaux centres urbains s’étaient formés. Toutes les villes de l’intérieur nées avant la période minière et

  1. Godefroid Kurth, Les Origines de la Civilisation moderne, tome II, p. 12.
  2. Voir carte n° 206, vol. II.