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voies majeures des gaules

la grande coupure rectiligne sépare si franchement du nord au sud les
Bibl. Nationale.
épée, hache et lance de chilpéric
trouvées dans son tombeau
hautes terres de la France centrale et les dépendances du système alpin. Cette partie du grand triangle des voies historiques de la France est la plus profondément creusée, et les mouvements des peuples devaient s’y produire comme l’écoulement des eaux dans un fossé.

Le troisième côté du triangle entre la Méditerranée et l’Océan, par la vallée de la Garonne, est presqu’aussi régulièrement indiqué. Le seuil de partage où s’opère la séparation des eaux ne présente aucun obstacle naturel, mais à l’époque où la nature avait encore ses traits primitifs, non modifiés par l’homme, il existait au moins un passage difficile. Les trois rivières dites aujourd’hui Aude, Orb, Hérault formaient une sorte de frontière naturelle, par suite de la convergence de leur cours à la sortie des âpres défilés cévenols. Leurs bouches, bordées de marécages et de lacs salins ou saumâtres, se succédaient dans un espace qui n’a pas 20 kilomètres en largeur, et leur labyrinthe de coulées et de fausses rivières constituait pour la marche des nations un obstacle des plus sérieux.

Aussi, lorsque l’histoire des Gaules commence à se préciser pour nous, ce dédale de rivières et de lacs séparait naturellement deux groupes de populations bien distincts, les Ibères à l’ouest et les Ligures à l’est. Plus tard, sous la domination romaine, les