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rédemption par la grace

les autres êtres, par le seul fait de son existence. « Ni supérieurs, ni inférieurs : point d’autres liens que celui de la fraternité universelle ». Nul ne doit s’agenouiller devant aucun, si grand qu’il soit : nul ne se redresse fièrement devant quiconque, même le plus vil. Dans la religion chrétienne, au contraire, il est des hommes pour lesquels il ne faut point prier : il en est qu’il faut maudire à jamais[1].

catacombes de san-gennaro à naples

En définitive, quelle chose peut être dite spécifiquement chrétienne ? Ce fut la doctrine de saint Paul, sa théorie de la Rédemption par la Grâce. Le pécheur est pardonné, justifié, sanctifié par décret spécial qui lui attribue les mérites d’un innocent ; il est absous, non par aucune vertu de sa part, ni même parce qu’il l’aurait demandé, mais parce qu’il plut au divin juge d’en agir ainsi. Ce fut une justice se manifestant par un triple arbitraire, ce fut le règne du Bon plaisir[2].

L’empire romain, grâce à sa majestueuse unité, se prêtait à l’extension d’un culte unique : un seul empereur, une seule loi impliquait

  1. Première Corinthienne, XVI, 22.
  2. Élie Reclus, notes manuscrites.