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croyance en la justice

des morts, mais les noirs antres funéraires leur paraissaient un triste séjour, et c’est dans la vie première du grand air et du clair soleil
Musée Guimet.Cl. Giraudon
fouilles d’antinoe, tête d’anachorète
les yeux sont recouverts d’une feuille d’or.
qu’ils suppliaient Yahveh de leur accorder ses grâces. Les déceptions constantes, héréditaires des affamés de justice firent naître une idée nouvelle de l’outre-tombe. L’invincible besoin de réparation exigea que l’Éternel fît ample compensation à ses fidèles en les faisant asseoir à ses côtés, qu’il les revêtît de sa propre gloire et leur assurât l’immortalité bien heureuse. Ce paradis, maintenant, pour beaucoup d’entre nous, une pure illusion, un miracle sans substance, était pourtant né de ce qui paraît à chaque homme être la vérité fondamentale, son droit personnel au bonheur, et le malheureux se voyant contraint d’y renoncer sur terre, dans la société des vivants, veut quand même le réaliser, et pour cela, imagine une seconde vie, dans les hauteurs de l’espace. Et combien, qui de nos jours ont délaissé les enseignements de l’Église, ne peuvent pourtant abandonner l’idée que « Justice sera rendue ». Ainsi se précisa, même avant le Christ, un des dogmes du christianisme, mais en dehors de la société officielle des maîtres et des docteurs, chez les pauvres et les vagabonds méprisés, principale source humaine de tout renouveau.

D’ailleurs, tous les dogmes de la religion juive devaient entrer dans le christianisme avec des modifications diverses, causées par des chan-