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notablement moindres que celles des Ératosthènes et des Ptolémée.

À cette époque de l’histoire hindoue, qui fut celle de la grande expansion de la foi bouddhique, l’Inde débordait sur le monde environnant par sa propagande religieuse. La région nord-occidentale entre l’Indus et le Sivat, pays qui constituait alors le royaume d’Udyêna — mot qu’on a rapproché de celui d’Eden[1] — ou le « Jardin », était le centre du prosélytisme[2]. Mais cette propagande était essentiellement pacifique, et, du reste, la nature même du sol voulait qu’il en fût ainsi : on fait irruption dans l’Inde en descendant des montagnes environnantes, tandis que de l’Inde, on s’élève vers les hauteurs en se présentant en hôte. D’une manière générale on peut dire que, sur le pourtour de l’Inde, les mouvements de conquêtes se firent toujours de l’amont à l’aval, de la région haute des âpres montagnes à la basse plaine du fleuve Indus, tandis que les expansions pacifiques agissaient en sens inverse, de l’aval vers l’amont. Mais du côté de l’est, où l’hémicycle des monts ne dresse pas les mêmes escarpements, et où des brèches nombreuses se présentent des deux côtés des massifs, les événements violents ou pacifiques purent se produire de part et d’autre ; cependant la nature débonnaire des populations agricoles qui peuplent l’un et l’autre versant, les bassins de la Ganga et du Brahmaputra, et celui de l’Irrauadi (Irâvadi, Aïravati), fut certainement favorable à l’expansion paisible de la civilisation hindoue avec ses religions et ses mœurs.

On ne saurait douter que les points de contact aient été très nombreux sur les chemins de l’Occident entre le culte du Buddha, et celui qui, succédant aux religions gréco-romaines, se développa sous la forme de christianisme. On cite de bizarres exemples de ce mouvement d’extension du bouddhisme dans le monde occidental, opéré, soit directement par les missionnaires, soit de proche en proche par la voie lente des échanges. C’est ainsi que dans un lauza, l’une de ces tombes en pierres brutes éparses en Languedoc, on a découvert une tête du Buddha, transférée maintenant à Rennes ; et l’on constate que cette effigie appartient à une époque non préhistorique pour la Gaule mais du moins préromaine, puisque les lauza n’ont

  1. E. Renan ; F, Lenormant, les Origines de l’Histoire, II, p. 59.
  2. James Burgess, Journal of Indian Art, 1894, 1899, etc.