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liqueur sacrée

mant le « sang des dieux », mais d’outres profondes, de tonneaux énormes. Dans les vers des vieux buveurs aryens, le somâ, qui donne la force aux dieux, est par cela même plus puissant que les dieux.
Musée Guimet.Cl. Giraudon.
soma
ancien dieu védique du sacrifice, personnification de la liqueur fermentée que l’on répandait sur le feu naissant pour lui donner plus de vigueur. Il est devenu le dieu de la lune.
Jamais ivrogne allemand ou polonais ne célébra plus éloquemment, avec plus d’ivresse poétique, la bière et le vin que les Aryens des Sept rivières chantaient le divin somâ. Indra foudroie les buveurs d’eau, les livre à la mort dans le courant des fleuves débordés. Lui-même s’est donné deux ventres, afin de pouvoir en emplir un quand l’autre est déjà plein, digérant sa boisson.

Fait qui semble bizarre, cette liqueur du somâ qui fit délirer les bacchants et les bacchantes de l’Inde nous est inconnue maintenant : des volumes ont été publiés sur ce sujet par des savants, historiens et botanistes, mais les assertions ne s’accordent pas. Dans les dictionnaires de botanique le nom de somâ se traduit par de nombreuses appellations latines : asclepias acida, sarcostemma viminale, sarcostemma brevistigma, periploca apkylia, et autres encore. Il est probable, en effet, que les liqueurs sacrées furent d’origines diverses, car le voyage des peuples