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ses voisins, gagnaient honnêtement leur subsistance, et jouissaient de la liberté la plus complète, des écoles étaient ouvertes dans tous les villages environnants ; la paix existait sur tout le territoire fédéral, la misère y était presque inconnue, les progrès matériels de la nation étaient sans exemples dans le monde. La plupart des Américains, égoïstement fiers de leurs libertés, pensaient que tout allait pour le mieux dans la meilleure des républiques.

Il est vrai, la nation blanche des États du Nord, était plus heureuse que ne l'avait encore été aucune nation de la terre, mais les noirs qui passaient comme des ombres à côté des citoyens, n'étaient que des parias méprisés, et dans les États du Sud, c'est par millions que se comptaient les esclaves Africains.

Là, les travailleurs des champs, au lieu d'être possesseurs de leur terre et des produits obtenus par leurs peines, étaient au contraire des bêtes de somme achetées et vendues, des êtres privés de nom légal, placés hors de la famille elle-même, puisque leurs enfants appartenaient au maître. « L'esclave, disaient tous les codes des États du Sud, l'esclave est une chose et non pas un homme : c'est un automate muni de bras pour travailler, d'épaules pour supporter le carcan, d'une échine pour recevoir les coups de fouet. C'est un objet que le maître peut échanger, vendre, louer, hypothéquer, emmagasiner, jouer à la palette ou aux osselets ; ce n'est rien, moins que rien. Le nègre, proclamait un célèbre arrêt