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sées aux défilés et les défilés aux salles ; des cheminées, évidées dans le roc par d’antiques cascades, s’ouvrent au plafond des voûtes ; on s’arrête avec horreur au bord de ces puits sinistres où les pierres qui s’engouffrent ne laissent entendre le bruit de leur chute qu’après des secondes et des secondes d’attente. Malheur à celui qui s’égarerait dans le labyrinthe infini des grottes parallèles et ramifiées, ascendantes et descendantes : il ne lui resterait plus qu’à s’asseoir sur un banc de stalagmites, à regarder sa torche qui s’éteint et à s’éteindre doucement lui-même, s’il a la force de mourir sans désespoir.

Et pourtant ces cavernes sombres, où même en compagnie d’un guide et sous les reflets lointains du jour, nous avons la poitrine serrée par une sorte de terreur, c’étaient les retraites de nos ancêtres. Dans notre révérence du passé, nous nous rendons en pèlerinage aux ruines des villes mortes et nous contemplons avec émotion d’uniformes tas de pierre, car nous savons que sous