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attitude audacieuse, de l’enivrement factice que produisent les exclamations, les échos des voix, la lueur de torches nombreuses, nous n’osons plus marcher qu’avec le saint effroi du Grec entrant dans les enfers. De temps en temps nous jetons les regards en arrière pour revoir la douce lumière du jour. Comme en un cadre, le paysage vaporeux et souriant de lumière apparaît entre les sombres parois, frangées à l’entrée de lierre et de vigne vierge.

Mais le faisceau lumineux diminue graduellement à mesure que nous avançons : soudain, une saillie de rocher nous le cache et seulement quelques lueurs blafardes s’égarent encore sur les piliers et les murs de la caverne ; bientôt même, nous entrons dans le noir sans fond des ténèbres et pour nous guider nous n’avons pas que la lueur incertaine et capricieuse des torches. Le voyage est pénible semble long à cause de l’horreur de l’inconnu qui remplit les gouffres et les galeries. Çà et là on ne peut avancer qu’a-