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Qu’ils sont beaux, ces hommes de la nature, lorsqu’aux embouchures fluviales, et, plus héroïquement encore, en pleine mer, ils se hasardent dans leurs « pitpans » sur les vagues dansantes, et tantôt semblent s’abîmer, tantôt reparaissent au milieu de l’écume ! Combien aussi ces honnêtes barbares sont dévoués et sincères, et combien profond reste leur souvenir chez le voyageur fatigué qui a reçu l’hospitalité de leur cabane ! L’histoire de leur race est celle de longs massacres ; il n’est peut-être pas un de leurs ancêtres qui, pendant trois siècles après la conquête des Antilles, n’ait été brutalement massacré par un « civilisateur » ; mais ils n’ont point gardé de haine, et, par leur touchante bonté, ils s’harmonisent avec leur ciel si pur, leur terre si féconde et leurs ruisseaux aux rives si charmantes.

La tâche de nos bûcherons d’Europe est autrement pénible. La destruction graduelle des forêts de la plaine les a forcés à continuer leur industrie dans les âpres