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dant les sécheresses, elle suinte à grandes distances à travers les berges pierreuses et sablonneuses et pénètre dans le sous-sol où elle abreuve les radicelles des plantes ; après les pluies, quand le niveau du ruisseau s’élève, la percolation souterraine gagne et s’étend au loin sous les couches superficielles du sol des campagnes ; enfin, pendant les crues, les eaux débordées renouvellent la terre, la saturent d’humidité, et fournissent ainsi les éléments de vie à la multitude des végétaux.

Certes, le spectacle est triste des champs envahis par l’inondation. Les baies, baignées jusqu’à mi-hauteur, désignent encore les limites bien connues qui séparent la propriété de celle du voisin ; les arbres fruitiers, penchés en avant par le flot, trempent dans l’eau bourbeuse l’extrémité de leurs rameaux salis ; des courants, des remous ravinent le sol où croissaient les plus belles récoltes. Même sur le bord du lac temporaire, toutes les dépressions ouvertes par la charrue entre