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discernons tantôt des palais à colonnades ou des armées en marche. Dans les fables de l’antiquité grecque, dans les mythes persans, dans les vieux chants indous, ce qui nous séduit aussi, ce sont les transformations de la pierre et de l’herbe, de l’animal, de l’homme et du dieu, symboles primitifs de l’enchaînement sans fin de la vie dans l’immense univers. De même, toute vieille tapisserie s’anime aux yeux de l’enfant et se peuple pour lui d’être vivants. Avec quelle foi simple ne regarde-t-il pas sur quelque toile éraillée l’image de Syrinx étendant les bras et déjà changée à demi en une touffe de roseaux, Procris prenant racine pour devenir peuplier, ou la nymphe Byblis se fondant en pleurs pour couler désormais sous forme de fontaine. Eh bien ! des changements pareils à ceux qu’inventèrent l’imagination enfantine des peuples et les fictions des poëtes ne cessent de s’accomplir dans le grand laboratoire de la nature ; seulement, c’est par un lent travail intérieur, par tran-