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plus qu’un passe-temps, et la poursuite des bêtes sauvages a été remplacée par l’élève des animaux de boucherie. Seuls, les hommes de loisir ou de vanité qui cherchent à maintenir les traditions de leurs ancêtres ou à remplir l’oisiveté de leurs heures font de la chasse la principale occupation de leur vie ; mais, depuis des milliers d’années déjà, les peuples aryens ont, d’évolution en évolution, cessé d’être chasseurs et se sont mis à cultiver la terre en prenant à la fois pour compagnon et pour victime le bœuf descendant de cet urus sauvage qu’ils poursuivaient dans les forêts. De nos jours aussi, l’Indien Peau-Rouge, que l’Américain pousse devant lui et qui voit les troupeaux de bisons se disperser au bruit des locomotives sifflant dans les prairies, apprend à mettre le bœuf sous le joug et passe sans transition de l’état de chasseur à celui de cultivateur du sol et d’éleveur de bestiaux. Mais, pour l’exploitation de la faune des eaux, les hommes en sont encore presque partout, si ce n’est en Chine, dans ce pays