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sous la pression du courant comme par des mouvements convulsifs, et chacune d’elles s’entourent de vaguelettes où la lumière et l’ombre s’entre-croisent en un réseau sans cesse agité. Même certains arbres du bord contribuent à la richesse de la végétation aquatique par d’innombrables radicelles flottantes qui se déploient sur les racines en longues nattes roses.

Au milieu de ce monde des plantes frémit le monde sans fin des animaux. Des poissons, gris, bleuâtres, rouges ou blancs, glissent comme des éclairs dans l’eau pure, ou passent sous les guirlandes des forêts aquatiques comme sous des arcades triomphales. La vie est partout, sur le fond où des formes bizarres et indistinctes s’agitent dans le sable et la vase, au milieu du fourré des plantes frissonnant toujours des secousses que leur imprime une population cachée, à la surface où tournoient les gyrins, où s’élancent les patineurs, parmi les joncs où brille l’aile diaprée des libellules, sous les arbustes de la