ondulent en courbes serpentines sous l’effort du courant : avec le flot rapide, elles frétillent d’impatience ; avec les nappes d’eau presque immobiles, elles se déroulent majestueusement ; mais, lentes ou pressées dans leurs ondulations, elles fuient sous le regard à cause de leurs nuances variées, changeant incessamment de la blancheur mate au vert foncé. Ailleurs, des feuilles, ovales, lancéolées, triangulaires, s’élèvent en multitudes au-dessus d’un fouillis de plantes si bien entremêlées qu’elles semblent jaillir d’une même racine, et qu’une seule ride du ruisseau les agite toutes à la fois. Dans une anse, au fond de laquelle les remous ont déposé une couche de vase, les nénufars étalent leurs larges disques, où l’eau scintille en perles, et leurs belles fleurs blanches qui, pour nos ancêtres les Égyptiens et les Indous, étaient le symbole même de la vie. Plus loin, des joncs poussent en rangs pressés au milieu du ruisseau sur un banc qui se transformera tôt ou tard en îlot : les tiges inclinées vibrent
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