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sphère humide de s’échapper dans l’espace et, grâce à la moite vapeur, les fougères aux grandes feuilles retombantes, les champignons groupés fraternellement en petites assemblées croissent et prospèrent sur toutes les berges. L’air est tellement pénétré d’humidité qu’il suffit de fermer les yeux pour se croire au bord d’un ruisseau glissant silencieusement dans son lit. D’ailleurs, l’eau est en effet bien là ; c’est en apparence seulement qu’elle a disparu. Les mousses qui tapissent le fond du ravin, et recouvrent les racines des arbres se sont gonflées de liquide pendant la dernière inondation : dilatées comme des éponges, elles gardent longtemps cette humidité nourricière, puis, à la moindre pluie, elles se remplissent de nouveau en absorbant avidement les gouttelettes tombées. Ainsi de mousse en mousse et de plante en plante, dans la multitude infinie des cellules organiques, se retrouve encore le flot continu du ruisseau, de l’origine à l’issue du ravin. Sans doute on ne le voit pas, on ne