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sement, l’âpre chasseur les suit aussi dans cette retraite, en dépit des ronces et des racines. Des terres fraîchement remuées, des trous noirs ouverts dans les berges nous révèlent les cachettes des lapins et des renards ; à notre approche, les couleuvres enroulées développent prestement leurs anneaux et disparaissent dans les fourrés ; des lézards plus rapides, s’échappent en faisant bruire les feuilles tombées ; les insectes sautillent sur le sable et se balancent aux herbes ; on entrevoit des nids d’oiseaux dans l’épaisseur des broussailles : tout un monde de fugitifs est dans cet asile, où il trouve à la fois la nourriture et l’abri.

C’est qu’en effet, dans ce petit ravin, large de quelques mètres à peine, la végétation est des plus variées ; une multitude de plantes, d’origine et d’attitude diverses, s’y rencontrent, tandis que dans les champs voisins l’uniformité du terrain de labour laisse germer seulement, outre les semences jetées par le cultivateur, les graines de quatre ou cinq