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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

est de dimensions suffisantes pour servir de carrière et fournir à la construction de villages entiers.

Ces clapiers, que je vois avec tant d’étonnement et au milieu desquels je ne m’aventure qu’avec hésitation, sont pourtant peu de chose, en comparaison de quelques écroulements de montagnes dont les débris couvrent des districts d’une grande étendue. Il est des massifs montagneux dont les cimes se composent de roches compactes et pesantes reposant elles-mêmes sur des couches friables, faciles à déblayer par les eaux. Dans ces massifs, les chutes de pierres sont un phénomène normal, comme les avalanches et la pluie. On regarde toujours vers les sommets pour voir si l’écroulement se prépare. Dans une région peu éloignée, qu’on appelle le Pays des Ruines, il est deux montagnes qui, d’après les récits des habitants, auraient jadis engagé la lutte l’une contre l’autre. Les deux géants de pierre, devenus vivants, se seraient armés de leurs propres rochers pour s’entre-ruiner et se démolir. Elles n’ont point réussi, puisqu’elles sont encore debout ; mais on peut s’imaginer