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LA DESTRUCTION DES CIMES.

chers se rapprochent ou s’éloignent et se groupent diversement, suivant les conditions physiques dans lesquelles elles se trouvent pendant le cours des âges, mais la composition des pierres change également ; c’est un chassé-croisé continuel, un voyage incessant des corps qui se déplacent, s’entremêlent, se poursuivent. L’eau qui pénètre par toutes les fissures dans l’épaisseur de la montagne et celle qui remonte en vapeur des abîmes profonds servent de véhicule principal à ces éléments qui s’attirent, puis se repoussent, entraînés dans le grand tourbillon de la vie géologique. Dans les fentes de la montagne le cristal est chassé par un autre cristal ; le fer, le cuivre, l’argent ou l’or remplacent l’argile ou la chaux ; la roche terne s’irise de la multitude des substances qui la pénètrent. Par le déplacement du carbone, du soufre, du phosphore, la chaux devient marne, dolomite, plâtre-gypse cristallin ; par suite de ces nouvelles combinaisons, la roche se gonfle ou se resserre, et des révolutions s’accomplissent avec lenteur dans le sein de la montagne. Bientôt la pierre, comprimée dans un espace