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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

porphyre ; voilà des schistes aux arêtes aiguës à demi enfouis dans le sable ; ailleurs sont des morceaux de quartz, des grès, des cailloux calcaires, des rognons de minerai, des cristaux émoussés. On y trouve aussi des fossiles d’époques différentes, et, dans les espaces où les eaux ont tournoyé longtemps, se sont arrêtés d’innombrables squelettes d’animaux flottés. C’est là qu’on a découvert, par milliers, les ossements des hipparions, des aurochs, des élans, des rhinocéros, des mastodontes, des mammouths et autres grands mammifères qui parcouraient autrefois nos campagnes et qui maintenant ont disparu, cédant à l’homme l’empire du monde. Les torrents qui apportèrent tous ces débris les emportent pièce à pièce en les réduisant en poussière. Squelettes et fossiles, argiles et sables, blocs de schiste, de grès et de porphyre, tout s’effondre peu à peu, tout prend le chemin de la mer ; l’immense travail de dénudation qui s’est accompli pour la grande montagne recommence en petit pour les amas de décombres ; ravinés par les eaux, ils s’abaissent graduellement en hauteur, ils se fragmentent en col-