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L’ORIGINE DE LA MONTAGNE.

hérissent ailleurs la surface de la terre. Les laves jadis brûlantes se refroidissent peu à peu ; elles se délitent extérieurement et se revêtent de terre végétale ; elles reçoivent l’eau de pluie dans leurs interstices et la rendent en ruisselets et en rivières ; enfin elles se recouvrent à leur base de formations géologiques nouvelles et s’entourent, comme les autres montagnes, d’assises de galets, de sable ou d’argile. À la longue, le regard du savant peut seul reconnaître qu’elles ont jailli du sein de la grande fournaise, la terre, comme une masse de métal en fusion.

Parmi les anciens monts qui font partie de ces massifs et de ces systèmes qu’on appelle les « colonnes vertébrales » des continents, il en est un grand nombre qui sont composés de roches très ressemblantes aux laves actuelles et d’une constitution chimique analogue. Comme ces laves, porphyres, trapps et métaphyres sont sortis de terre par de larges fissures et se sont étalés sur le sol, pareils à une matière visqueuse qui se figerait bientôt au contact de l’air, la plupart des roches granitiques semblent s’être formées de la même