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LE ROCHE ET LE CRISTAL.
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Autrefois, nous disent les contes merveilleux, il était facile d’aller recueillir toutes ces richesses dans l’intérieur du mont ; il suffisait d’avoir un peu de chance ou la faveur des dieux. En faisant un faux pas, on essayait de se retenir à un arbuste. La frêle tige cédait, entraînant avec elle une grosse pierre qui cachait une grotte jusqu’alors inconnue. Le berger s’introduisait hardiment dans l’ouverture, non sans prononcer quelque formule magique ou sans toucher quelque amulette, puis, après avoir marché longtemps dans la noire avenue, il se trouvait tout à coup sous une voûte de cristal et de diamant ; des statues d’or et d’argent, ornées à profusion de rubis, de topazes, de saphirs, se dressaient tout autour de la salle : il suffisait de se baisser pour ramasser des trésors. De nos jours, ce n’est plus sans travail, par de simples incantations, que l’homme parvient à conquérir l’or et les autres métaux qui dorment dans les roches. Les précieux fragments sont rares, impurs, mélangés de terre, et la plupart ne prennent leur éclat et leur valeur qu’après avoir été affinés dans la fournaise.