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L’HOMME.

bien que dans la vie de l’humanité ; ce monde extérieur que nous avons déjà si puissamment modifié dans sa forme, nous le transformerons à notre usage bien plus énergiquement encore. À mesure que grandissent notre savoir et notre puissance matérielle, notre volonté d’homme se manifeste de plus en plus impérieuse en face de la nature. Actuellement, presque tous les peuples dits civilisés emploient encore la plus grande partie de leur épargne annuelle à préparer les moyens de s’entre-tuer et de dévaster le territoire les uns des autres ; mais, lorsque, plus avisés, ils l’appliqueront à augmenter la force de production du sol, à utiliser en commun toutes les forces de la terre, à supprimer tous les obstacles naturels qu’elle oppose à nos libres mouvements, c’est à vue d’œil que changera l’apparence de la planète qui nous emporte dans son tourbillon. Chaque peuple donnera, pour ainsi dire, un vêtement nouveau à la nature environnante. Par ses champs et ses routes, ses demeures et ses constructions de toute espèce, par le groupement imposé aux arbres et l’ordonnance générale des paysages,