Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.
297
L’HOMME.

bras, la solidité de son courage, avant qu’il osât élever la voix dans le conseil des guerriers. Dans les pays où le danger n’était pas tant d’avoir à se mesurer avec l’ennemi que d’avoir et subir la faim, le froid, les intempéries, le candidat au titre d’homme était abandonné dans la forêt sans nourriture, sans vêtements, exposé à la bise et à la morsure des insectes ; il fallait qu’il restât là, immobile, la face placide et fière, et qu’après des journées d’attente il eût encore la force de se laisser torturer sans se plaindre, d’assister à un repas abondant sans avancer la main pour en prendre sa part. Maintenant, on n’impose plus ces épreuves barbares à nos jeunes gens, mais, sous peine de décadence et d’abêtissement, il faut savoir donner aux enfants une âme haute et ferme, non seulement contre les malheurs possibles, mais surtout contre les facilités de la vie. Travaillons à rendre l’humanité heureuse, mais enseignons-lui en même temps à triompher de son propre bonheur par la vertu.

Dans ce travail, si capital, de l’éducation des enfants, et, par eux, de l’humanité future,