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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

mais l’ensemble me paraît d’autant plus haut et plus sublime que mon regard en embrasse seulement une partie, comme une statue dont le piédestal me resterait caché ; elle resplendit au milieu du ciel, dans la région des unes, dans la pure lumière.

À la beauté des cimes et des saillies de toute espèce correspond celle des creux, plissements, vallons ou défilés. Entre le sommet de notre montagne et la pointe la plus voisine, la crête s’abaisse fortement et laisse un passage assez facile entre les deux versants opposés. C’est à cette dépression de l’arête que commence le premier sillon de la vallée serpentine ouverte entre les deux monts. À ce sillon s’en ajoutent d’autres, puis d’autres encore, qui rayent la surface des rochers et s’unissent en ravins convergeant eux-mêmes vers un cirque d’où, par une série de défilés et de bassins étagés, les neiges s’écoulent et les eaux descendent dans la vallée.

Là, sur un sol à peine incliné, se montrent déjà les prairies, les bouquets d’arbres domestiques, les groupes de maisons. De toutes parts des vallons, les uns gracieux, les autres