Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.
275
L’OLYMPE ET LES DIEUX.

pieds, l’Europe, l’Asie et les îles de la mer. Les habitants d’Athos le croient encore, et serait-il possible, en effet, de trouver une cime d’où la vue soit, sinon plus vaste, du moins plus belle et plus variée ?

En dehors du monde hellénique où l’imagination populaire était si poétique et si féconde, les peuples voyaient aussi dans leurs montagnes le trône des maîtres du ciel et de la terre. Non seulement les grands sommets des Alpes étaient adorés comme le séjour des dieux et comme des dieux eux-mêmes, mais, jusque dans les plaines du nord de l’Allemagne et du Danemark, de petites collines, qui relèvent leurs croupes au-dessus des landes uniformes, étaient des Olympes non moins vénérés que celui de la Thessalie l’avait été par les Grecs. Même dans la froide Islande, dans cette terre des brumes et des glaces éternelles, les adorateurs des souverains célestes se tournaient vers les montagnes de l’intérieur, croyant y voir les sièges de leurs dieux. Sans doute, s’ils avaient pu gravir jusqu’à la cime les flancs ravinés de leurs volcans, s’ils avaient contemple l’horreur de ces cratères où les laves et les neiges