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L’OLYMPE ET LES DIEUX.

de les faire voyager de montagne en montagne. Aussi chaque cime avait-elle son dieu ou même sa pléiade d’êtres célestes. Zeus vivait sur le mont Ida, de même que sur l’Olympe de Grèce, sur ceux de la Crète et de Chypre et sur les rochers d’Égine. Apollon avait sa demeure sur le Parnasse et sur l’Hélicon, sur le Cyllène et sur le Taygète, sur tous les monts épars qui se dressent hors de la mer Égée. Les sommets que venaient dorer les rayons du jour naissant, lorsque les plaines inférieures étaient encore dans l’ombre, devaient être consacrés au dieu du soleil. Aussi, presque toutes les cimes isolées de l’Hellade portent-elles aujourd’hui le nom d’Élias. Le prophète juif, en vertu de son nom, est devenu, par un calembour sacré, l’héritier d’Hélios, fils de Jupiter.

« Voyez ce trône, centre de la terre, » disait Eschyle en parlant de Delphes. En maint autre endroit, suivant la fantaisie du poète, ou l’imagination populaire, se dressait ce pilier central. Pindare le voyait dans l’Etna ; les matelots de l’Archipel désignaient le mont Athos, la grande borne que l’on discernait toujours