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L’OLYMPE ET LES DIEUX.

ronnantes, s’emparèrent de la sainte montagne et la consacrèrent à de nouvelles divinités. Au lieu de Zeus, les chrétiens grecs y adorèrent la sainte Trinité ; dans ses trois principales cimes, ils voient encore les trois grands trônes du ciel. Un de ses promontoires les plus élevés, qui jadis portait peut-être un temple d’Apollon, est dominé maintenant par un monastère de saint Élie ; un de ses vallons, où les Bacchantes allaient chanter Évohé en l’honneur de Dionysos ou Bacchus, est habité par les moines de saint Denys. Les prêtres ont succédé aux prêtres, et le respect superstitieux des modernes à l’adoration des anciens ; mais peut-être le plus haut sommet est-il, jusqu’à présent, vierge de pas humains ; la douce lumière qui resplendit sur ses rochers et ses neiges n’a encore éclairé personne depuis que les dieux hellènes s’en sont allés.

Il y a peu d’années encore, il eût été difficile à l’Européen d’arriver jusqu’au sommet de la montagne, car les Klephtes hellènes, à l’infaillible balle, en occupaient toutes les gorges ; ils s’y étaient retranchés comme dans une énorme citadelle, et de là, recommençant