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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

le Ciel, la Grande Ourse et l’Étoile Polaire. Les dix mille génies s’y abattent dans leur vol pour contempler la terre et les villes des hommes. « Le mérite du Tai-Chan est égal à celui du ciel. Il est le dominateur de ce monde ; il recueille les nuages et nous envoie les pluies ; il décide des naissances et des morts, de l’infortune et du bonheur, de la gloire et de la honte. De tous les pics qui s’élèvent dans le ciel, nul n’est plus digne d’être visité. » Aussi les pèlerins s’y rendent-ils en foule pour implorer toutes les grâces, et le sentier est bordé de cavernes où gisent des mendiants aux plaies hideuses, l’horreur des passants.

À meilleur droit encore que les Chinois, car leurs montagnes volcaniques sont d’une parfaite beauté de formes, les Japonais regardaient avec adoration vers les sommets neigeux. Est-il idole dans le monde qui puisse se comparer à leur magnifique Fusi-Yama, à la « montagne sans pareille », qui se dresse, presque isolée, au milieu des campagnes, en bas couverte de forêts, neigeuse sur les pentes supérieures ? Jadis, le volcan fumait et crachait des flammes et des laves ; maintenant, il re-