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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

au prodige, en voyant toutes ces richesses qui ont donné naissance aux récits fabuleux des Mille et une Nuits ? Les ruisseaux qui s’épanchent de la montagne ne roulent point, comme nos torrents, des cailloux et du sable vulgaire ; ils entraînent avec eux de la poussière de rubis, de saphirs, de grenats ; le baigneur qui se trempe dans leurs flots se roule, comme les sirènes, dans un sable de pierres précieuses.

Les races de l’extrême Orient, dont la civilisation a suivi une autre marche que celle de la race aryenne, ont également adoré leurs montagnes. En Chine et au Japon, aussi bien que dans l’Inde, les hauts sommets portent des temples consacrés aux dieux, quand ils ne sont pas eux-mêmes regardés comme des génies tutélaires ou vengeurs. C’est à ces montagnes divines que les peuples cherchent à rattacher leur histoire par les traditions et les légendes.

Les plus anciennes montagnes historiques sont celles de la Chine, car le peuple du « milieu » est l’un des premiers qui soient arrivés à la conscience d’eux-mêmes, le premier qui