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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

mains et n’y laissait qu’une seule entrée souterraine percée à coups de barre dans l’épaisseur du roc. Une fois rentrés dans leur aire, les habitants de la forteresse obstruaient l’ouverture au moyen d’un quartier de roche ; l’oiseau seul pouvait alors leur rendre visite. L’architecture n’était point nécessaire à cette citadelle. Peut-être néanmoins, par une sorte de coquetterie, le montagnard bordait-il l’arête du précipice d’un mur à créneaux, qui permettait à ses enfants de jouer sans danger sur toute l’étendue du plateau, et du haut duquel il pouvait, mieux à son aise, épier tout ce qui se montrait aux alentours sur les pentes des monts. En beaucoup de contrées montagneuses de l’Orient, dont les vallées sont peuplées de races ennemies les unes des autres, et où le meurtre d’un homme, en conséquence, est tenu pour simple peccadille, nombre de ces rochers-forteresses sont encore habités. Quand un hôte arrive au bas de l’escarpement, il annonce sa présence par des cris d’appel. Bientôt après, un panier descend d’une trappe ouverte dans le rocher ; le voyageur s’y installe, et les robustes bras de ses amis d’en haut his-