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LE LIBRE MONTAGNARD.

outre, un grand mur la fermait à demi. À moins d’une surprise, la grotte était donc inabordable à tout assaillant. Les ennemis devaient se borner à la surveiller de loin ; mais, lorsqu’ils n’entendaient plus sortir la moindre rumeur, lorsqu’ils se hasardaient enfin pour compter les cadavres, ils trouvaient les galeries souterraines complètement vides. Les habitants s’étaient glissés de caverne en caverne jusqu’à une autre issue plus secrète cachée dans les broussailles. La chasse était à recommencer. Quelquefois, hélas ! elle se terminait par la capture du gibier. L’homme est une proie pour l’homme.

En certains endroits où la montagne n’offre pas de cavités propices, c’est un roc isolé dans la vallée, un roc aux faces perpendiculaires, qui servait de forteresse. Taillé à pic sur les trois côtés que le torrent entoure à la base, il n’était accessible que par un seul versant, et de ce côté le groupe de montagnards, qui voulait en faire à la fois sa tour de guet et son donjon de retraite, n’avait qu’à continuer le travail commencé par la nature. Il escarpait la roche, la rendait ingravissable aux pas hu-