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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

du mont, le contraste des climats est peu sensible, soit parce que la direction de toute la rangée des hauteurs est celle du nord au sud, soit parce que des vents d’une même origine et portant une même quantité d’humidité viennent arroser les deux versants, alors les hommes d’une même race peuvent se répandre librement de part et d’autre, s’adonner à la même culture, aux mêmes industries, pratiquer les mêmes mœurs. La muraille qui se dresse entre eux, et qu’interrompent peut-être de nombreuses brèches, n’est point un rempart de séparation. Mais que la montagne et toute la série des sommets qui s’y rattachent de part et d’autre aient un de leurs versants tourné vers le nord et ses vents froids, et que la pente apposée reçoive en plein les doux rayons du midi ; ou bien que, d’un côté, les vapeurs de la mer s’épanchent en torrents, tandis que, de l’autre côté, les ravins restent toujours à sec, et bien certainement flore, faune, humanité des deux versants, offriront les plus remarquables contrastes. Chaque pas que fait le voyageur, après avoir franchi la crête, le met en présence d’une nature nou-