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L’ÉTAGEMENT DES CLIMATS.

plupart de ces espèces ont des graines dont ne se nourrissent point les oiseaux, et qui sont trop lourdes pour s’attacher aux plumes de leurs pattes ; parmi ces plantes des régions froides qui colonisent la montagne, il en est même des familles entières qui naissent de bulbes, et certes ni le vent ni les oiseaux ne sauraient les avoir transportées par-dessus les continents et les mers.

Il faut donc que les plantes se soient propagées de proche en proche, par empiétements graduels, comme elles le font dans nos champs et nos prairies. Les petits colons que l’on voit aujourd’hui dans les hauts « jardins » entourés de neiges sont montés lentement des plaines inférieures, tandis que d’autres plantes des mêmes espèces, marchant en sens inverse, se dirigeaient vers les régions polaires où elles sont actuellement cantonnées. Sans doute alors le climat de nos campagnes était aussi froid que l’est de nos jours celui des grands sommets et de la zone boréale ; mais peu à peu la température devint plus douce ; les plantes qui se plaisaient sous la rude haleine du froid furent obligées de s’enfuir, les unes vers le