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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

trouve la végétation du Spitzberg. Chaque montagne est, par ses plantes, comme une sorte de résumé de tout l’espace qui s’étend de sa base aux régions polaires, à travers les continents et les eaux. Dans leurs récits, les botanistes témoignent souvent de la joie, de l’émotion qu’ils éprouvent lorsque, après avoir escaladé les roche nues, parcouru les neiges, cheminé le long des crevasses béantes, ils atteignent enfin un espace libre, un « jardin », dont les plantes fleuries leur rappellent quelque terre aimée du nord lointain, leur patrie peut-être, située à des milliers de kilomètres de distance. Le miracle des Mille et une Nuits s’est réalisé pour eux ; au prix de quelques heures de marche, les voici transportés dans une autre nature, sous un nouveau climat !

Chaque année, quelques désordres violents, mais temporaires, se produisent dans cette régularité de l’étagement des flores. En se promenant au milieu des éboulis récents, ou sur les amas de terres apportées du haut des montagnes par les eaux torrentielles, le botaniste observe souvent des troubles dans la distribution des tribus végétales. Ce sont là des