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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

je la retrouve là-haut, sous les couches de la terre glacée.

Souvent, l’oiseau de proie plane plus haut encore, mais c’est pour voyager de l’une à l’autre pente de la montagne ou pour surveiller au loin l’étendue et découvrir son gibier. Les papillons, les libellules, entraînés par la joie de voleter au soleil, s’élèvent parfois jusqu’à la zone la plus haute des monts et, sans prévoir le froid de la nuit, ne cessent de monter gaiement vers la lumière ; plus fréquemment encore ces pauvres bestioles, ainsi que les mouches et d’autres insectes, sont emportées vers les hautes cimes par les vents de tourmente, et leurs débris, mêlés à la poussière, jonchent la surface des neiges. Mais, outre ces étrangers qui, de bon gré ou par la violence, visitent les régions du silence et de la mort, il existe des indigènes qui sont bien là chez eux ; ils ne trouvent point que l’air y soit trop froid ou le sol trop glacé. Autour d’eux s’étend l’immensité morne des neiges ; mais les pointes de rocs, qui, çà et là, percent la couche neigeuse, sont pour eux des oasis au milieu du désert ; c’est là sans doute, au milieu des