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LES ANIMAUX DE LA MONTAGNE.

de paître des myrtilles, de savourer des gâteaux de miel ; peut-être se hasarde-t-il aussi dans la vallée pour aller débonnairement manger à même des raisins et des poires.

Un naturaliste suisse, Tsendi, nous affirme, sur l’honneur, que, si le brave animal rencontre en chemin une petite fille portant un panier de fraises, il se borne à poser délicatement sa patte sur le panier pour en demander sa part. Et quand il est entré au service de l’homme, comme il est serviable, de bonne humeur, magnanime et dédaigneux des insultes ! Je ne puis m’empêcher de regretter ce bon animal, que bientôt on ne verra plus dans nos montagnes et dont le chasseur cloue orgueilleusement les pattes sur la porte de sa grange. On supprimera la race : mais, avec plus d’intelligence, n’eût-on pu l’apprivoiser et l’associer à nos travaux ?

Quant au loup, personne ne le regrettera lorsqu’il aura tout à fait disparu de la montagne. Voilà bien le compère malfaisant, perfide, sanguinaire, lâche et vil de toutes façons ! Il ne pense qu’à déchirer la victime et à boire le sang chaud sortant de la plaie.