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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

fants de la montagne que l’on rencontre en gravissant les pentes sont des insectes qui traversent le sentier, se glissant parmi les herbes ou bourdonnant dans l’air ; des papillons, parmi lesquels on remarque les érèbes noires aux reflets chatoyants, et le magnifique apollon, fleur vivante qui vole au-dessus des fleurs ; çà et là quelque reptile se dérobe entre deux pierres. Les forêts sont fort silencieuses ; il n’y chante que peu d’oiseaux.

Cependant la montagne, forteresse naturelle qui se dresse au milieu des plaines, a ses hôtes aussi : les uns, fuyards craintifs, qui se cherchent une retraite inaccessible ; les autres, hardis voleurs, animaux de proie qui, du haut de leurs tours de guet, épient au loin l’horizon avant de s’élancer à leurs excursions de pillage.

Chose bizarre, que fait trop bien comprendre la lâcheté des hommes, les bêtes de la montagne qui déchirent et qui tuent les autres sont précisément ce que l’on admire le plus. On en ferait volontiers des rois, et dans les mythes, les fables, les légendes et maint vieux