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LES FORÊTS ET LES PÂTURAGES.

vers les hauteurs devant le tapis de verdure fleurissante. Bientôt aussi les arbres se mettent de la fête. En bas, sur les premières pentes, ce sont les arbres fruitiers qui, peu de semaines après s’être débarrassés de la neige de l’hiver, se recouvrent d’une autre neige, celle de leurs fleurs. Plus haut, les châtaigniers, les hêtres, les arbustes divers, se couvrent de leurs feuilles d’un vert tendre ; du jour au lendemain, on dirait que la montagne s’est revêtue d’un tissu merveilleux où le velours s’est mêlé à la soie. Peu à peu, cette jeune verdure des forêts et des broussailles s’avance vers le sommet ; elle monte comme à l’escalade dans les vallons et les ravins pour conquérir les escarpements suprêmes entre les glaciers. Là-haut, tout prend un aspect inattendu de joie. Même les sombres rochers, qui semblaient noirs par leur contraste avec les neiges, ornent leurs anfractuosités de petites touffes de verdure. Eux aussi prennent part à la gaieté du printemps.

Moins somptueux par l’exubérance de leur verdure et la multitude prodigieuse de leurs fleurs, les hauts pâturages sont pourtant plus