Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

ment dans les campagnes, et qu’au lieu de s’évaporer elles trouvent leur chemin vers les rivières, alors le glacier se gèle plus étroitement, il adhère partout à la voûte qui lui sert de lit, et ne laisse plus sortir qu’un faible courant ; quelquefois même il tarit en entier ; pas une goutte d’eau ne descend de la montagne. Mais, à mesure que la chaleur revient et que la végétation joyeuse demande pour ses feuilles et ses fleurs une plus grande quantité d’eau, à mesure que l’évaporation devient plus active et que le niveau des rivières tend à s’abaisser, les torrents des glaciers se gonflent, ils se changent temporairement en fleuves et fournissent l’humidité nécessaire aux champs altérés. Il s’établit ainsi une compensation des plus utiles pour la prospérité des contrées qu’arrosent des cours d’eau partiellement alimentés par les glaciers. Quand les affluents, gonflés par la pluie, coulent en surabondance, les torrents de la montagne n’apportent qu’un mince flot liquide ; ils débordent, au contraire, quand les autres rivières sont presque à sec ; grâce a ce phénomène de balancement, une certaine égalité se main-