Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

bandes noirâtres, restes de débris tombés sur le névé ; d’autres fois, la glace, claire et homogène dans toute sa masse, semble n’être qu’un seul cristal.

Quelle est la profondeur du puits ? On ne sait. Une saillie de la glace et les ténèbres empêchent le regard de descendre jusqu’aux roches du fond ; seulement, on entend quelquefois des bruits mystérieux qui s’élèvent de l’abîme : c’est de l’eau qui ruisselle, une pierre qui se détache, un morceau de glace qui se fendille et s’écroule.

Des explorateurs sont descendus dans ces gouffres pour en mesurer l’épaisseur et pour étudier la température et la composition des glaces profondes. Quelquefois ils ont pu le faire sans trop de danger, en pénétrant latéralement dans les fentes par les saillies des rochers qui servent de berge aux fleuves de glace. Souvent aussi, il leur a fallu se faire descendre au moyen de cordes, comme le mineur qui pénètre au sein de la terre. Mais, pour un savant qui, tout en prenant les précautions nécessaires, explore ainsi les puits des glaciers, combien de malheureux pâtres s’y sont