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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

effondrement dans les vallées ; on pourrait tailler la pente en gradins horizontaux où les couches de neige seraient forcées de séjourner comme sur les marches d’un gigantesque escalier ; on pourrait aussi remplacer les troncs d’arbres par des rangées de pieux en fer et par des palissades qui empêcheraient le glissement des masses supérieures. Déjà ces tentatives ont été faites avec succès, mais seulement en des vallées qu’habitent des populations riches et nombreuses. De pauvres villageois, à moins qu’ils ne soient aidés par la société tout entière, ne sauraient songer à sculpter, pour ainsi dire à nouveau, le relief de la montagne, et les avalanches continuent de descendre sur leurs prairies par les couloirs accoutumés. Ils doivent se borner à protéger leurs maisonnettes par d’énormes éperons de pierre qui rompent la force des neiges écroulées et les divisent en deux courants, quand ces neiges ne descendent pas en masses assez puissantes pour tout démolir d’un choc.

De tous les destructeurs de la montagne, l’avalanche est le plus énergique. Terres et fragments rocheux, elle entraîne tout comme