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L’AVALANCHE.

saient les montagnards accourus des hameaux voisins, sans doute toutes les charpentes ont été démolies et les habitants sont restés écrasés sous les débris ! Néanmoins, ils se mettent courageusement à l’ouvrage pour déblayer l’énorme monceau. Ils travaillent pendant quatre nuits et quatre jours, et, quand leurs pioches atteignent enfin le toit du premier chalet, ils entendent des chants qui s’entre-répondent. Ce sont les voix des amis que l’on avait crus perdus. Leurs demeures avaient résisté à la violence du choc, et l’air qu’elles contenaient avait heureusement suffi. Pendant leur emprisonnement, ils avaient passé leur temps à établir des communications de maison à maison et à creuser un tunnel de sortie ; ils chantaient en même temps pour s’encourager au travail.

Les forêts protectrices ont-elles disparu, il est bien difficile de les remplacer. Les arbres poussent lentement, surtout sur les montagnes ; dans les couloirs d’avalanche, ils ne poussent pas du tout. Il est vrai qu’à force de travaux on pourrait fixer les neiges sur les hautes pentes et prévenir ainsi le désastre de leur