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L’AVALANCHE.

des ravins redoutables où les couloirs de la montagne dégagent de plusieurs côtés à la fois leurs avalanches de neiges et de ruines, ils peuvent respirer à leur aise et songer sans anxiété personnelle à leurs devanciers moins heureux, dont la veille ils s’étaient raconté les terribles histoires. Souvent, tandis que les voyageurs continuent tranquillement leur descente vers la plaine, un bruit de tonnerre, un long fracas qui se répercute de roche en roche, les force à se retourner soudain : c’est l’écroulement des neiges qui vient de se produire et de combler tout le fond de la gorge où ils passaient quelques minutes auparavant.

Heureusement, la disposition et la forme des pentes permet aux montagnards de reconnaître les endroits dangereux. Ils ne construisent donc point leurs cabanes au-dessous des versants où se forment les avalanches, et, dans le tracé de leurs sentiers, ils prennent soin de choisir des passages abrités. Mais tout change dans la nature, et telle maisonnette, tel sentier, qui n’avaient jadis rien à craindre, finissent par se trouver exposés au danger ;